18 février 2021

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Plus de 130 millions de pratiques comptables modélisées

Après 10 ans de développement, Alban Clot et Cyrille de Gastines ont mis au point une solution technologique, Supervizor, permettant la simplification du contrôle des données comptables et opérationnelles pour les entreprises. Spécialiste de la data, Alban Clot nous fait part de son expérience auprès des organisations, quels que soient leur maturité et le niveau de compétences de leurs équipes.
Comment vous est venue l’idée de créer Supervizor et à quoi sert-il exactement ? Alban Clot : Nous avons fondé Supervizor avec Cyrille de Gastines, qui connaît bien les problématiques d’audit, de consulting et d’ERP suite à 12 ans passés chez EY. Nous avions travaillé auparavant ensemble dans un cabinet pour des grands comptes sur des missions de fiabilisation de data comptable (détection de fraude, optimisation de data financière, etc.). Nous intervenions en mode conseil, mais nous étions toujours confrontés aux mêmes problématiques, ce qui coûtait finalement cher au client. Nous avons donc eu l’idée de lancer un programme de recherche pour créer une technologie qui aiderait nos futurs clients à simplifier la data analytics. C’était il y a plus de 10 ans. Et nous l’avons construite en analysant beaucoup de datas. Nous avons ainsi analysé plus de 40 000 sociétés. L’ambition était forte : permettre à n’importe quelle entreprise, de n’importe quel secteur, d’accéder en un jour à des centaines de points de contrôle automatisés, immédiatement disponibles, sans avoir de grands projets d’implémentation à mener. Après ces 10 ans de recherches, nous avons pu commercialiser Supervizor à partir de début 2017. Les data analytics représentent tout de même encore une solution technologique complexe... A.C. : En fait, data analytics est une expression que l’on utilise peu, car elle « sonne » très technique alors que pour nous c’est avant tout une technologie qui est au service du métier. Nous, nous disons plutôt que nous sommes une technologie plug and play d’analyse de la donnée comptable et opérationnelle, qui s’appuie sur l’intelligence artificielle pour détecter les erreurs et les fraudes. La plupart de vos clients découvrent-ils les data analytics ? A.C. : Non, la plupart en ont déjà faits et ils ont tous été confrontés aux mêmes problèmes. Que ce soit un directeur financier qui a besoin de fiabiliser ses comptes ou un responsable de la compliance, de l’audit ou du contrôle interne, qui cherche à sécuriser les processus de l’entreprise... Ils ont tous utilisé des outils, depuis Excel pour les moins avancés jusqu’aux grandes solutions du marché, mais cela reste très manuel. Ils doivent déterminer ce qu’ils veulent contrôler, identifier les données dont ils ont besoin et développer les contrôles, ce qui est très chronophage. Ils ont besoin maintenant d’automatiser ces travaux. C’est la force d’un outil comme le nôtre : il s’appuie sur une intelligence artificielle qui permet de détecter les erreurs et les signaux de fraude. Il ne reste alors plus qu’à investiguer. Les tableaux de bord de datavisualisation permettent de visualiser de manière synthétique les risques et transformer ces données en information à haute valeur décisionnelle. Entre le moment où un client se dit qu’il aimerait augmenter sa capacité de contrôle et le moment où il peut le réaliser, il ne se passe qu’une seule journée.
Mais les entreprises et leurs process peuvent être extrêmement différents, comment une automatisation est-elle possible ? A.C. : En analysant les données de plus de 40 000 sociétés, cela nous a permis de modéliser plus de 130 millions de pratiques comptables différentes. C’est la richesse de l’intelligence artificielle qui permet de comprendre, dans le contexte propre à un nouveau client, ce qui est conforme ou non à la norme. Aujourd’hui, nos clients bénéficient d’un enrichissement continu de l’outil.
Comment se déroule un projet type ? A.C. : Quelle que soit la taille de l’entreprise (de taille moyenne exerçant uniquement sur le marché français ou grand groupe international avec des filiales à l’étranger), Supervizor est capable de contrôler toutes les données quels que soient les systèmes comptables et ERPs utilisés, et quels que soient les pays concernés. Récemment, nous avons déployé notre système dans plusieurs pays pour un grand groupe européen qui utilisait SAP et Sage. Entre les débuts du projet et le « go live », avec les formations, les droits d’accès des utilisateurs paramétrés, etc. il ne s’est passé que 10 jours. En fait, le vrai sujet sur la mise en œuvre concerne le change management et la gouvernance. Parce que ce sont des sujets qui sont parfois occultés par les clients au départ et reste la question : comment est-ce que cela s’intègre dans mon processus et qui va le faire concrètement ? Par où une entreprise qui veut s’impliquer dans les data analytics doit-elle commencer ? A.C. : Il y a deux niveaux de maturité. Il y a les gens qui savent qu’ils ne savent pas, c’est-à-dire qu’ils sont conscients que des risques existent dans leur entreprise mais n’ont pas les moyens de les détecter. Dans ce cas, ça peut aller très vite. En général, il y a déjà des contrôles dont les coûts et les difficultés rencontrées sont connus et les gains à transformer son approche avec Supervizor sont faciles à imaginer. Et il y a ceux qui ne sont pas conscients de ne pas savoir. Dans ce cas, nous sommes face à quelqu’un qui se dit : tout va bien, nous n’avons jamais détecté de fraude. Donc, pour se faire une idée réelle des problèmes, ils ne savent pas par où commencer... Supervizor peut justement les aider à identifier très rapidement les risques sans avoir de grands projets à mener.
UN CAS PRATIQUE : LIMAGRAIN Coopérative agricole et groupe semencier international réalisant 1,9 milliard d’€ de CA (IFRS11) et 642 millions d’€ avec ses partenaires stratégiques. Plus de 9000 salariés répartis dans 57 pays 10 000 salariés Activités : semences, produits agroalimentaires « Début 2020, lorsque Limagrain a fait le choix de se doter de l’outil Supervizor, le Groupe souhaitait réaliser deux objectifs majeurs, » explique Alban Clot, « d’une part renforcer son processus interne d’audit comptable et fiscal en se dotant d’un outil digital dédié et fiable, d’autre part élargir et systématiser les contrôles internes répondants aux exigences de la Loi Sapin 2. Avec un premier périmètre d’intervention de 21 sociétés situées en France et 8 ERP différents ». La démarche a été réalisée en deux temps : • Pour le 1er objectif : installer le produit, collecter les données de la direction comptable et former les équipes a été réalisé en 2 à 3 semaines. Résultat : pour les 21 sociétés, 175 points de contrôles supplémentaires peuvent être effectués tous les trois mois, par 8 équipes différentes. • Pour le 2d objectif : Supervizor a permis d’étendre le nombre de données collectées aux données opérationnelles comme aux référentiels comptables. 22 jours seulement ont été nécessaires pour l’ensemble des opérations. Avec à la clé, la réalisation de 150 points de contrôle supplémentaires. « Des opérations menées dans les deux cas à distance et en lien étroit avec les équipes projet de Limagrain » conclut Alban Clot « avec désormais pour Limagrain le souhait d’étendre l’implantation à des entités étrangères »