10 octobre 2022

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"Développer ses compétences de manager et de leader en faisant appel à l'intelligence émotionnelle"- Emmanuelle Langlois

Emmanuelle Langlois, Coach et animatrice, LEA-P Leadership intervenante lors de la conférence IFACI 2022. Coach certifiée par la Fédération Internationale de coaching (niveau PCC), enseignante dans deux grandes Universités Corporate et formatrice, Emmanuelle Langlois élabore au niveau international des programmes de leadership et de développement des talents. Elle animera un atelier sur ce thème au cours de la prochaine conférence de l’IFACI.
Pourriez-vous nous parler de votre parcours et de votre activité ?
Emmanuelle Langlois : Je suis coach et ma spécialité, c’est le développement du leadership. J'habite à Londres depuis 15 ans. Je suis certifiée auprès de la Fédération internationale de coaching et formatrice de nouveaux coachs. Auparavant, j’ai été consultante en management chez Capgemini consulting qui était la branche conseil en stratégie de l’entreprise.
Ma société s'appelle LEA-P leadership. Nous sommes trois associés et une dizaine de coachs travaillent avec nous. Je travaille surtout sur ce que l'on appelle le leadership relationnel. Un leader doit être très compétent en ce qui concerne l'exécution, dans sa capacité à faire ou à faire faire, mais il doit aussi être à même d’inciter les autres à se mettre en mouvement, les inspirer… Tout cela relève de compétences plutôt relationnelles qu'autre chose. Il faut savoir créer de la confiance, être à l'écoute, être dans l'empathie, savoir gérer des conflits… Ce qui nécessite donc de développer des compétences qui relèvent de l'intelligence émotionnelle. C'est vraiment le cœur de notre métier.
Comment se déroulent vos interventions ?
E.L. : nous le faisons principalement au cours de ce que l'on appelle de formations expérientielles. Je ne vais pas dire aux participants ce qu'ils doivent faire, mais nous allons leur proposer des exercices qui vont leur permettre de se rendre compte de la manière dont ils font les choses. celles qu’ils font bien et celles qu’ils font peut-être moins bien. Puis, à travers le debriefing, nous allons approfondir les ressentis de ces expériences pour pouvoir comprendre pourquoi nous faisons les choses d'une certaine manière.
C'est vraiment l’essence de mon travail d’aider ainsi les gens à mieux se connaître, tout simplement. Et quand je dis mieux se connaître c'est aussi comme homme ou comme femme. Pas uniquement dans le travail. Parce qu’on ne laisse pas qui on est à la porte de son bureau, au contraire, même si on pense qu'on le fait. Nous travaillons donc sur notre capacité à mieux se connaître, à se développer personnellement, à travailler avec les émotions. Des émotions qui sont toujours là au travail. Nous ne sommes ainsi pas toujours rationnels. D'ailleurs, on prend presque toujours nos décisions de manière irrationnelle.
Je peux amener à cette réflexion de différentes manières : par des accompagnements de groupes, comme chez certains clients - La poste, Cap Gemini… - ou lors d’un coaching individuel. Je fais beaucoup de travail en ateliers. Des ateliers très courts qui permettent de débloquer quelques compétences clés ou au contraire des workshops qui durent plusieurs journées et au cours desquels nous allons développer les compétences du manager : comment peut-il notamment devenir lui-même plus un coach pour ses équipes, en fait. En développant les qualités et les compétences nécessaires pour être dans cette posture.
Dans les entreprises, on parle beaucoup de soft skills aujourd’hui, d’ « entreprise humaine »… Mais a-t-on réellement progressé dans ce domaine ?
E.L. : Oui, les entreprises ont progressé, notamment parce qu’elles font face à ce que l'on appelle la guerre des talents. Garder les bons éléments nécessite de bien manager, d’offrir des opportunités, de mieux écouter ses collaborateurs, de leur donner plus d’autonomie… Et cela demande donc de faire appel à un management plus humain, de créer une certaine relation qui ne soit plus top down, Command and Control, comme on dit en Anglais. Ça, ce n’est plus possible. Les entreprises le savent et elles savent qu’il faut qu'elles changent.
D’autant plus qu’il y a aussi l’émergence de ces nouvelles générations qui veulent donner du sens à ce qu’elles font, à leur travail. Il faut donc bien s'intéresser à la personne et comprendre ce qu'elle aime, parce que tous les gens ont des intérêts et des valeurs différentes. Pour motiver, pour engager, car on sait qu'aujourd'hui les niveaux d'engagement en entreprise sont très faibles. Les collaborateurs sont beaucoup moins loyaux. S’ils sont compétents, ont de l’expérience et une certaine expertise, ils n'ont pas de difficulté à trouver du travail. Et c’est bien sûr le cas des auditeurs ou des contrôleurs internes comme dans d’autres métiers.
Quelles sont les choses les plus importantes ?
E.L. : Il y a deux choses notamment qui sont importantes. En tant que collaborateur dans une entreprise, on souhaite par-dessus tout résoudre des problèmes parce que depuis toujours, depuis que l’on est tout petit, on veut trouver des solutions à nos problèmes. Et au travail, c’est la même chose. On a une mission et si l’on résout un problème, on apporte de la valeur.
Et l'autre chose qui est très importante pour les êtres humains c'est la volonté et la capacité à se connecter de manière humaine. On a besoin d'être entendu, d'être vu, d'être apprécié. Et c'est même physiologique. C'est à dire que nos neurones nous forcent d'une certaine manière à chercher la connexion humaine.
Comment vont se dérouler vos interventions à la Conférence ?
E.L. : Ce sont des ateliers où nous allons présenter certains modèles et les faire expérimenter. J'ai par exemple un atelier qui s'appelle « une écoute active et curieuse, la base de la connexion humaine ». Je vais donc présenter un modèle qui est de 3 niveaux d'écoute. Chaque personne devra alors partager une chose qui arrive dans la vie avec une charge un peu émotionnelle avec la personne installée en face d’elle. Qui elle va juste écouter, au niveau 1, 2 et 3. Et l’on va ensuite expliquer ce qui se passe lorsque l'on écoute à chacun de ces niveaux-là. Quelles sont les applications, qu'est-ce que cela veut dire, qu'est-ce que cela peut permettre…
On va également parler de communication toxique et quelles sont donc les 4 « toxines » de la communication. C'est un modèle qui est à la base utilisé pour la thérapie de couple, et dans ces ateliers les gens apprennent souvent des choses sur eux-mêmes… Parce que, en fonction de notre parcours, de ce qui s'est passé dans notre vie, on voit les choses d'une certaine manière et donc nous avons tous une certaine façon de communiquer de manière toxique, sans nous en rendre compte. La bonne nouvelle, c'est qu'il existe des antidotes. Antidotes qui vont permettre, au regard de cette prise de conscience, de changer un comportement. Et surtout de le changer durablement.
Pour ces ateliers, je viens en général avec deux collègues, Luc Jacquet et Olivier larvor, qui sont aussi des coachs avec qui je travaille sur plusieurs programmes et qui vont aussi intervenir en coanimation. Ce qui permet non seulement de dédoubler les séquences et d’accueillir plus de monde, mais aussi d’apporter des perspectives supplémentaires pour tous les participants, ce qui est forcément enrichissant.