28 mars 2022

pictogramme temps Lecture 4 mn

« Le COVID a rapproché les exigences des départements d’audit interne des attentes des candidats »

Karine Barotin, fondatrice de KBC International Recruitment (recrutement d’auditeurs internes)

KBC International Recruitment est spécialisé dans le recrutement d’auditeurs internes depuis plus de 20 ans et a pour clients de nombreux grands groupes internationaux, cotés au CAC 40 et leaders dans leurs secteurs : luxe, médias/communication, et autres industries et services. Les candidats recrutés le sont essentiellement pour des postes avec une forte composante internationale, et sont basés à Paris, Milan ou Hong Kong. Karine Barotin, sa fondatrice recrute aussi bien des jeunes seniors, ayant 2 ou 3 ans d’expérience, que des directeurs de l’audit interne, du contrôle interne et de la gestion des risques. Confrontée quotidiennement aux difficultés croissantes de recrutement des départements d’audit, son décryptage des tendances s’avère précieux.

« Pratiquement toutes les personnes recrutées sont passées par l’un des Big Four »

« Ce que je peux constater depuis le début de KBC, c’est qu’il y a des choses qui ne changent pas. » explique Karine Barotin, « et notamment le fait que pratiquement toutes les personnes recrutées pour des postes d’audit interne sont passées par l’un des Big Four ». Autre constante, les candidats doivent avoir une bonne présentation, des qualités de communication, une bonne maîtrise de l’anglais, une excellente formation (grande école de commerce, grande université, école d’ingénieur…), et évidemment posséder les qualités de base pour le métier : rigueur, organisation, curiosité, en plus de solides bases techniques. « Une première expérience à l’étranger est évidemment un plus. Tout comme le fait d’avoir effectué des stages en département d’audit. »  

Un secteur qui suit l’actualité

« En revanche » ajoute Karine Barotin, « ce qui est intéressant avec l’audit interne, c’est que c’est un métier qui suit l’actualité. En 2000, avec la crainte du bug informatique, nous avons par exemple recruté beaucoup de spécialistes de l’audit IT. Plus récemment, c’est la digitalisation de notre société qui a été un moteur : e-commerce, RGPD… Idem avec la multiplication des réglementations anti-corruption, anti-blanchiment (Sapin II etc..) qui demandent encore de nouvelles compétences. »

La maîtrise des outils d’analyse des données, une compétence de plus en plus recherchée

S’ajoute à cette adaptation à l’actualité une nécessité de modernisation du métier d’auditeur, avec de plus en plus de tâches automatisées. La maîtrise des outils d’analyse des données devient une compétence de plus en plus recherchée depuis quelques années. « Avec le COVID, cette demande s’est même amplifiée » poursuit Karine Barotin. « Dans beaucoup de grands groupes, on est passé de minimum 50% de déplacements sur le terrain à zéro du jour au lendemain. Cette nouvelle façon de faire de l’audit « à distance » a accéléré ce processus de modernisation. »

Les attentes des candidats ont évolué

Parallèlement, les attentes des candidats ont évolué. « Il y a 5 ou 6 ans il m’était encore relativement facile de trouver des candidats, car je travaille pour de grands groupes attractifs. La perspective de voyager dans le monde entier était un moteur. Aujourd’hui, et ce n’est pas particulier à l’audit mais assez commun aux nouvelles générations, les candidats privilégient souvent, avant même de travailler pour un grand groupe, leur qualité de vie. Préserver un équilibre vie privée – vie professionnelle est très important pour eux. » Certaines entreprises, qui n’avaient jamais eu de mal à recruter, connaissent ainsi pour la première fois des difficultés.

Les Big Four connaissent eux-aussi les problèmes de recrutement

D’autant plus, souligne Karine Barotin, que les Big Four, premier vivier de candidats pour les départements d’audit interne, connaissent eux aussi des problèmes de recrutement depuis quelques années. « On le sait, le rythme de travail dans ces cabinets est très soutenu. Et, alors qu’elles arrivaient à attirer beaucoup de jeunes diplômés des écoles de commerces les plus prestigieuses, elles ont plus de mal aujourd’hui. L’élite des jeunes diplômés se dirige de plus en plus vers des débouchés où il est plus facile de concilier vie privée et vie professionnelle comme l’entreprenariat ou l’univers des start-ups. 

Le COVID aurait cependant un peu contribué à changer la donne, les attentes des candidats et celles des entreprises étant un peu plus en adéquation.

« Aujourd’hui, le télétravail est rentré dans les mœurs et offre une flexibilité qui est acceptée par beaucoup de grands groupes. De même, l’obligation de faire des audits à distance à cause de la crise sanitaire, a poussé la plupart des départements d’audit à repenser leur organisation, même post-COVID. Ainsi, certains de mes clients, motivés notamment par leur attractivité sur le marché, ont décidé de réduire le taux de déplacement de leurs auditeurs. Et cela colle mieux aux attentes des candidats potentiels, qui souhaitent continuer à se déplacer, mais de manière raisonnable. La guerre des talents actuelle rend les recruteurs conscients que si l’on veut attirer les meilleurs, il y a peut-être de nouveaux arguments à mettre en avant ». Car le but est bien de continuer à attirer les meilleurs, « et cela n’est pas près de changer » souligne Karine Barotin. « Le niveau d’exigence des directeurs de l’audit reste élevé. Il faut en effet un certain niveau d’expérience et de maturité pour effectuer ce métier et avoir la crédibilité pour aller auditer des directeurs financiers ou des directeurs généraux de filiales. »