22 octobre 2018
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L'Afrique du Sud, pionnière mondiale en matière de reporting intégré
Dans l’économie sud-africaine, les entreprises ont compris l’importance du reporting sur les questions de développement durable (en particulier du point de vue des investisseurs à moyen et long terme par rapport à la performance organisationnelle), ainsi que l’importance du reporting intégré. Il faut noter que la Bourse de Johannesburg ( JSE) a été la première au monde à intégrer le passage au reporting intégré en tant qu’exigence de cotation pour les sociétés sud-africaines, ce qui a fait que celles-ci ont été parmi les premières à adopter ces pratiques. La question de savoir si le concept de développement durable et de reporting intégré a été adopté par la plupart des entreprises d’un point de vue éthique ou simplement d’un point de vue de conformité/compliance reste cependant globalement sans réponse.
En outre, le rapport King sur la gouvernance d’entreprise est une référence depuis un certain nombre d’années (le premier rapport King sur la gouvernance d’entreprise – « King I » - ayant été publié en 1994 en Afrique du Sud), et s’y conformer a également été une obligation de la JSE pour les sociétés cotées sur le tableau principal depuis son introduction. Le rapport a également fait l’objet d’une révision approfondie au fil des ans : en 2002 (King II) et 2009 (King III) afin de rester pertinent. King IV, la dernière version, est entrée en vigueur le 1er avril 2017.
D’autres facteurs qui, dans une moindre mesure que les facteurs mentionnés ci-dessus, influencent le paysage du développement durable, sont les initiatives du GRI et les normes ISO, que certaines des entités multinationales en Afrique du Sud ont également adoptées. Avec la nécessaire conformité au rapport King, on peut dire que la préparation de rapports intégrés par les sociétés sud-africaines, l’appréciation de l’importance des principes de gouvernance d’entreprise et l’approche intégrée se référant aux parties prenantes organisationnelles sont, dans une certaine mesure, plus matures que dans d’autres pays, où les pratiques de développement durable et de reporting intégré n’ont été adoptées que récemment.
« Le fait d’être un adopteur précoce a permis aux entreprises sud-africaines d’améliorer d’année en année leurs pratiques »
Comme on pouvait s’y attendre, les entreprises sud-africaines ont dû faire face à un certain nombre de problèmes initiaux en relation avec le reporting intégré parce qu’elles ont été les premières à adopter le concept. Cela comprenait un certain nombre de questions, telles que : comprendre l’importance relative dans le contexte des informations quantitatives et qualitatives ; concision versus exhaustivité du reporting (longueur du rapport) ; et comprendre ce qu’on entend par rapport équilibré (reporting des questions organisationnelles positives et négatives). Le fait d’être un adopteur précoce a permis aux entreprises sud-africaines d’améliorer d’année en année leurs pratiques de reporting intégré. Et, bien que le cadre de l’IIRC traite maintenant ces questions, ce statut d’adopteur précoce a conduit les entreprises sud-africaines à expérimenter directement les implications pratiques du reporting intégré. En Afrique du Sud, il existe également un certain nombre de prix du reporting intégré qui récompensent l’excellence en la matière. Par exemple le prix “EY’s Excellence in Integrated Reporting” et les prix de reporting intégré de Chartered Secretaries Southern Africa (CCSA).
Comment votre Institut contribue-t-il à la diffusion des bonnes pratiques (publications, événements, partenariats avec les principales parties prenantes…) ?L’IIASA est impliqué dans des questions de reporting intégré et de développement durable liées aussi bien à la sensibilisation qu’à la technique. Du point de vue de la sensibilisation, l’IIASA est membre de l’Integrated Reporting Committee of South Africa et est également représenté au sein du groupe de travail de l’Integrated Reporting Committee of South Africa responsable de l’élaboration de documents d’orientation pour le reporting intégré.
En outre, l’IIASA s’engage avec ses membres sur le thème du reporting intégré et du développement durable. Les interactions de l’IIASA avec les auditeurs internes sur le sujet se font par le biais de sessions de partage des connaissances lors de la conférence nationale de l’IIASA et d’autres événements où des experts en la matière sont présents et s’engagent avec nos membres sur le sujet. L’IIASA instaure également des groupes d’intérêts spéciaux (composés de membres de l’IIASA) qui développent des documents d’orientation spécifiques sur des questions liées au développement durable et au reporting intégré.
« Il est essentiel que les auditeurs internes s’impliquent davantage »Comment les praticiens peuvent-ils concrètement prendre en charge les thèmes du développement durable et du RI (chiffres, pratiques, témoignages…) ?
Du point de vue d’un praticien de l’audit interne, nous avons constaté que la plupart de nos membres ne participent que peu à la fourniture d’une assurance sur les informations et/ou processus de reporting intégré. Leur participation se limite actuellement principalement à des activités de consultance et à fournir au management des éclairages sur le reporting intégré et de développement durable.
L’IIASA estime qu’il est essentiel que les auditeurs internes s’impliquent davantage dans la fourniture d’assurance, ainsi que dans la consultation et l’apport d’éclairages sur les questions de reporting intégré et de développement durable. Quelle est votre vision concernant l’avenir de ces sujets ? Une plus grande attention de la part du conseil d’administration, du marché ? Une augmentation du rôle de l’audit interne ? L’importance de l’assurance en ce qui concerne le reporting intégré reste d’actualité et l’IIASA est fermement convaincu que les auditeurs internes ont un rôle central à jouer dans le succès futur du reporting intégré. Bien que les entreprises sud-africaines puissent être considérées comme des pionniers dans ce domaine, il reste encore beaucoup à faire pour améliorer la qualité des rapports intégrés. [box type="shadow" align="aligncenter" class="" width="50"]Les critiques formulées à l'égard des processus actuels :- Manque d’assurance sur les informations contenues dans le rapport (en particulier informations qualitatives/non financières).
- Certains rapports manquent d’équilibre (trop d’informations positives incluses dans les rapports par opposition aux défis/risques réalistes rencontrés par les organisations).
- Il est difficile d’évaluer le caractère raisonnable des informations axées sur le futur incluses dans les rapports en termes de bien-fondé des prévisions de l’organisation.
- Coût potentiel de la fourniture d’une assurance complète sur le rapport intégré.
- Détermination de l’importance relative pour l’inclusion ou l’exclusion d’informations dans le rapport intégré.