Témoin privilégié de l’évolution du métier d’auditeur interne, en tant qu’enseignante et formatrice, Béatrice Bon-Michel nous livre sa vision des changements de la profession et de la manière dont l’enseignement évolue.
Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?
Après avoir été Directrice d’audit interne d’une entité bancaire, je suis actuellement consultante, formatrice et professeure associée à l’Université Paris-Dauphine1.
Les métiers d’auditeur et de contrôleur internes ont beaucoup évolué au cours de ces dernières années. Quel est votre regard sur cette évolution ?
Le métier d’auditeur a considérablement évolué, porté par le développement d’expertises de nouveaux acteurs. Il y a 15 ans, les auditeurs internes étaient quasiment les seuls à avoir une réelle approche par les risques. Progressivement, la gestion des risques s’est invitée au sein des entreprises (COSO ERM (2004), 8ème directive sur le contrôle légal des comptes, prise de conscience de certains risques etc.). Les postes liés à la gestion des risques se sont développés. Chacun parle dorénavant de risque(s), voire de culture du risque. Les dispositifs de contrôle se renforcent. L’auditeur a ainsi dû s’adapter : évolution des plans d’audit, de sa cartographie autour des enjeux stratégiques… Directeur des risques et de « compliance » sont souvent présents au sein des comités d’audit et/ou des risques. L’auditeur apparaît alors comme l’arbitre essentiel pour fournir à la gouvernance une vision consolidée du dispositif de maîtrise en s’appuyant sur ces acteurs devenus de réels experts influents.
L’enseignement de l’audit a-t-il subi des évolutions dans ce contexte ?
L’enseignement a évolué, notamment sur la compréhension des risques. Le véritable enjeu : aider les étudiants à acquérir des raisonnements en termes de risque et de contrôle. Le COSO reste une belle référence ! La phase de prise de connaissance prend de l’importance : l’analyse de données est au coeur de cette étape afin d’être efficace sur le terrain. Enfin, il faut des compétences de marketing et de communication pour acquérir un langage percutant, c’est à dire qui associe risque et business.
Les étudiants ont-ils également changé ?
Ils n’ont pas tant changé. Certes, ils veulent du sens, comprendre les enjeux, les processus etc. Ils ont l’avantage d’être jeunes : plus à l’aise avec le numérique, le requêtage des données. Les méthodes pédagogiques doivent être innovantes, tournées vers la pratique et illustrées ; fournir tout ce qu’ils ne vont pas trouver directement sur internet ! Ils sont sans doute plus exigeants sur la pédagogie même.
Vous êtes membre du jury du prix Olivier Lemant, qui récompense des travaux d’étudiants. Quels sont les principaux critères d’attribution ?
Notre évaluation se veut complémentaire de la première évaluation réalisée par les universités. L’objectif de ce prix est de faciliter les passerelles entre monde académique et professionnel : thème dans notre périmètre, problématique présentant un intérêt pour la profession. La réflexion doit s’appuyer sur un raisonnement logique et illustrer la capacité d’analyse et de justification : à ce titre, la soutenance est essentielle. Et très souvent, ces travaux nous incitent, nous professionnels, à prendre du recul et exploiter certaines composantes de ces travaux.
[box type="shadow" align="" class="" width=""]PRIX OLIVIER LEMANT Accessible à tout(e) étudiant(e) d’une université ou grande école, le prix Olivier Lemant récompense les travaux universitaires en matière de gouvernance, de gestion des risques, de contrôle et d’audit internes. Les candidatures sont ouvertes jusqu’au 15 juillet 2019. Plus d’informations sur www.ifaci.com[/box]