25 février 2021
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« Il faut être capables d’aborder les risques émergents d’une manière différente, collectivement » Mariana Topal, lauréate du prix Olivier Lemant
Récompensée pour son mémoire de MBA - « Horizon 2030 - Risques émergents d’aujourd’hui, opportunités de demain ? » - Mariana Topal est la nouvelle lauréate 2021 du prix Olivier Lemant*. Un travail, précis et très documenté, qui propose une véritable vision des nouveaux risques et de la bonne façon de les affronter.
Pourriez-vous présenter en quelques mots votre sujet, la problématique soulevée. Et comment vous avez choisi ce sujet, ce qui vous a inspiré ?
Mariana Topal : Le sujet m’est venu assez naturellement, parce que pour moi, c’est une évidence. C’est sans doute lié à mes traits de caractère : l’anticipation, l’empathie, l’intérêt pour le bien-être... Les risques émergents font appel à l’empathie, puisqu’ils vont concerner les futures générations. Et il faut faire preuve d’anticipation, être innovants dans notre façon de penser. Nous vivons aujourd’hui dans un monde en mouvement, avec des changements démographiques, la globalisation qui nous impacte tous… Un ensemble de facteurs qui donnent naissance à de nouvelles formes de risques qui, s’ils sont bien pris en compte, peuvent devenir des opportunités. Parce qu’un risque, ce n’est pas que du négatif. Tout dépend de la façon d’aborder le sujet.
Dans votre mémoire, vous dîtes qu’il n’y a pas de définition unanime d’un risque émergent. Comment êtes-vous arrivée à mieux les cerner ?
M.T. : Intuitivement, la notion de risque émergent nous évoque à tous quelques idées, mais il n’existe effectivement pas de définition de référence. Je me suis basée sur de nombreux documents consacrés au sujet. J’ai pu documenter mon travail en m’appuyant sur de la littérature française et internationale mais surtout anglo-saxonne. Il existe dans notre pays encore trop peu de publications à ce sujet, c’est pourquoi il est d’autant plus nécessaire de soulever ces sujets pour que la nouvelle génération des métiers du risque soit au faîte avec ces nouvelles tendances.
Et donc, qu’est-ce qui caractérise selon vous les risques émergents d’aujourd’hui ?
M.T. : D’abord l’interconnexion de ces risques, qui ont un caractère systémique. Un risque peut entraîner un autre risque, qui à son tour peut en entraîner un nouveau… Comme un jeu de dominos. C’est déjà une caractéristique importante.
Par ailleurs, nous avons un manque de données historiques qui va les rendre plus difficiles à analyser.
Il peut s’agir de risques nouveaux, mais également de risques qui existaient déjà, mais apparaissent différemment aujourd’hui, du fait d’évolutions technologiques notamment. Le vol de données, par exemple : auparavant, il fallait une intervention physique, on devait venir voler des documents dans un bureau. Aujourd’hui, tout passe par Internet. Et c’est en cela que le risque cyber est émergent.
Selon vous, qu’est-ce qui est indispensable à la bonne gestion de ces risques particuliers ? Sur quoi les organisations peuvent-elles en priorité jouer ? L’occurrence ? L’impact ? Vous évoquez quelques méthodes, mais aussi l’innovation….
M.T. : Comme ces risques sortent un peu de l’ordinaire, il faut aussi être capable de les aborder d’une manière différente. Par exemple par une analyse prospective : regarder vers l’extérieur, comprendre comment l’environnement externe est susceptible de créer de nouveaux risques et accroître l’exposition de l’organisation face aux risques existants. Ce qui permet d’imaginer des scenarios futurs avec des solutions innovantes.
Mais une chose reste primordiale : toutes ces solutions doivent être imaginées de manière collective, en mobilisant les talents, toutes les personnes volontaires, intéressées par le sujet. Collectivement, nous sommes beaucoup plus résilients face au monde en général et au risque émergent en particulier.
Et pour prendre des exemples de risques transformés en opportunités : si l’on se réfère à la pandémie que nous connaissons actuellement, cette catastrophe nous a montré que l’on peut travailler en équipe, grâce aux nouvelles technologies, depuis n’importe quel endroit dans le monde. Il en est de même pour la transition écologique : la pandémie nous a montré qu’il est possible de faire baisser le taux d’émission de carbone, et nous l’avons constaté lors du premier confinement.
Concernant votre participation au prix, comment vous êtes-vous décidée à concourir ? Qu’en retenez-vous et comment avez-vous réagi en apprenant que vous aviez reçu ce prix ?
M.T. : Lors du MBA de Management Risques et Contrôle que j’ai suivi il y a deux ans à l’Université de Paris Dauphine, j’ai décidé de travailler sur ce sujet et j’ai obtenu la meilleure note de ma promotion de laquelle j’étais major. La décision a été prise en accord avec l’Université de présenter mon travail au concours du prix Olivier Lemant de l’IFACI.
J’étais évidemment très contente et émue de savoir que j’avais remporté ce prix national, parce qu’au-delà de ma satisfaction personnelle, cela a démontré que cette thématique pouvait faire écho auprès du jury. A la lumière de ce que nous avons vécu en 2020 et jusqu’à aujourd’hui, je pense qu’il est vraiment crucial de commencer à échanger sur ce sujet des risques émergents. D’ailleurs, en décembre 2019, lorsque j’ai présenté mon travail, personne ne s’attendait à ce qui allait nous arriver trois mois seulement après…
Quels conseils pourriez-vous donner aux étudiants en gestion des risques, audit et contrôle internes, qui souhaiteraient participer à la prochaine édition du prix ?
M.T. : D’abord de penser autrement, hors « des sentiers battus ». D’utiliser l’existant et de l’adapter au mieux, en permanence, à un environnement mouvant. Et ensuite d’être créatif : de ne pas avoir peur d’aborder des sujets moins discutés actuellement dans la littérature professionnelle française.
*https://www.ifaci.com/actualites/le-prix-olivier-lemant/