24 avril 2024
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Traduction des nouvelles normes de l’audit interne : « Chaque intention des auteurs doit être parfaitement comprise »
Applicables à partir de janvier 2025, les nouvelles normes internationales de l’audit interne établissent des principes et exigences afin d’assurer des audits toujours plus qualitatifs. La version française sera disponible dès ce mois d’avril 2024. L’un de ses traducteurs, Olivier Sznitkies, ancien directeur d’audit interne et consultant, fondateur du cabinet Audiligence*, explique comment s’est déroulé ce travail. Des présentations seront par ailleurs organisées dès la sortie des normes en français par l’IFACI pour détailler les changements apportés.
Pouvez-vous nous dire comment a été composée l’équipe de traduction ?
Olivier Sznitkies : Toutes les personnes qui ont participé à la traduction étaient liées à l'audit interne, directeurs d’audit interne ou, comme moi, consultants en audit interne. Des binômes ont été constitués et parfois des trinômes. Le travail a été réparti en fonction de la structuration des normes. Il y a cinq domaines de normes, une introduction, un glossaire et quelques annexes. Chaque groupe de travail a donc pris en charge un domaine afin d’assurer une cohérence de la traduction. Les travaux ont été animés et supervisés par Hervé Cavey, le chef du projet de traduction qui a également assuré la cohérence d’ensemble des traductions. Chaque groupe était composé de personnes de nationalités différentes, afin de représenter les différentes sensibilités de la francophonie ; étaient ainsi réunis des Français, des Suisses, des Marocains, des Canadiens, des Belges…
Il était donc important que différents pays francophones soient représentés afin de proposer une adaptation claire pour tous ?
O.S. : Prendre en compte les différentes façons de s'exprimer en français selon les pays était effectivement important. C'était l'une des difficultés qui avaient été identifiées après les précédentes traductions. Certains avaient noté des tournures un peu trop franco-françaises, et pas suffisamment en phase avec un Français parfaitement compréhensible internationalement.
Vous-même étiez en charge de quelle partie ?
O.S. : J'étais en charge, avec mon trinôme, de l’introduction et du premier domaine, qui porte sur l’éthique et le professionnalisme des auditeurs. Pour la première phase de travail, j'étais en binôme avec Denis Neukomm, ancien délégué général de l'IIA Suisse, avec qui j’avais déjà réalisé plusieurs missions autres que la traduction des normes. Pour la seconde phase et le travail sur la dernière version prenant en compte les retours de l’appel public à commentaires, compte tenu du volume important de traduction, Khalid Fadil, directeur de l’audit interne de la banque centrale du Maroc, nous a rejoint.
Quelles sont les principales difficultés que vous avez rencontrées ?
O.S. : La principale difficulté était de s'entendre sur un vocable parfaitement compréhensible sans ambiguïté par tous les pays, et de ne pas faire de contresens dans la traduction. Parce que l'on peut assez rapidement dire le contraire de ce qu’ont voulu signifier les auteurs. Il y a des subtilités, des enjeux derrière la traduction de certains mots. Il faut vraiment les débusquer et s’entendre au sein de l'équipe de traduction, avec parfois des points de vue différents. Et ne jamais perdre de vue que la vocation de ce travail de traduction est de rendre un document sur les normes très pratique. C'est un texte qui va être utilisé par les directeurs de l'audit interne et par beaucoup de praticiens comme moi, pour conduire des évaluations de qualité ou des certifications. Il faut donc absolument que le résultat soit sans ambiguïté. Nous n’avons pas cherché pas à créer des tournures de phrases littéraires mais vraiment des textes pratico-pratiques, quitte à conserver des répétitions si cela permet que l’intention soit parfaitement comprise.
Qu’apportent selon vous ces nouvelles normes ?
O.S. : On pourrait dire que cela ne change pas fondamentalement l'esprit des normes existantes et il n'y a pas d'introduction de concepts qui soient significativement nouveaux ou révolutionnaires. Mais cette nouvelle version permet de mieux les organiser. Nous avions auparavant un système construit sous forme de poupées gigognes, avec des normes, puis des sous-normes, etc. Cela conduisait à quelques redites et il était difficile de se situer dans la structure. Cette nouvelle version organise les normes de façon beaucoup plus claire. Pour chacune, la même structure est conservée : une explicitation de l’exigence normative, son interprétation, des guides de mise en œuvre, et comment prouver la conformité à la norme. Si je prends mon cas personnel, cela va faciliter la communication avec mes clients, grâce à un contenu plus précis, plus clair et mieux organisé.
On peut aussi retenir que les nouvelles normes introduisent certaines notions qui n’étaient pas aussi clairement explicitées décrites auparavant. Par exemple, la notion de courage professionnel, c’est à dire le fait que l'auditeur doit faire preuve de courage dans sa capacité à affronter les situations difficiles, les avis contraires et défendre ses convictions. Ce n'était pas écrit noir sur blanc dans les anciennes normes, c’est désormais chose faite.