14 janvier 2019

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Soft skills-Retrouver notre humanité dans le monde de l'entreprise

Auditeur financier chez Deloitte, puis Directeur de l’audit interne du groupe Danone, Martial Vidaud a décidé, à l’âge de 39 ans, de quitter ses fonctions pour « accompagner les autres vers le mieux-être », en transmettant son expérience et le savoir acquis pendant 20 ans grâce aux arts martiaux, à la psychologie positive et « l’entraînement du mental à la pleine conscience ». Une façon d’aborder les « soft skills » indispensables selon lui pour apprendre à gérer son stress en entreprise et devenir un bien meilleur manager au service de l’équipe.  Comment avez-vous été attiré vers les métiers de l’audit ?  Martial Vidaud : Après mon diplôme à l’ESC de Tours, je suis parti pour mon premier job, dans le cadre de la coopération, aux Émirats Arabes Unis, chez Technip. C’était une mission de Cost control en support à des chefs de projet. J’ai découvert le monde des ingénieurs et c’était une belle expérience à l’étranger. Et quand je suis rentré, ma curiosité naturelle m’a donné envie de découvrir des organisations différentes, des gens différents. Ce que permettait l’audit externe. J’ai eu la possibilité d’intégrer Deloitte où j’avais fait un stage en 3ème année. J’y suis resté 9 ans, dont un nouveau passage par l’étranger, au Portugal, de 2002 à 2004, en gérant notamment la fusion-absorption d’Arthur Andersen. Une nouvelle expérience riche, prolongée par un travail important et passionnant sur l’audit de fraude. Toujours par curiosité, j’ai décidé d’aller voir autre chose. Et j’ai eu l’opportunité d’intégrer le groupe Danone comme DAI, sous la responsabilité du Directeur Général des risques.  Pourquoi avoir choisi Danone ?  M.V. : C’était une entreprise qui était déjà connue pour son respect des êtres humains, avec un double projet économique et social (qui a été accompagné ensuite d’un véritable objectif environnemental). Là, j’ai eu l’occasion de travailler sur l’audit de développement durable, à partir de 2007, autour de la réduction des émissions carbone et de l’utilisation de l’eau notamment. Des sujets passionnants, mais avec pas mal de crises à gérer, qui m’ont d’ailleurs donné l’occasion de présenter nos méthodes lors de conférences à l’IFACI. Le Développement durable était encore un sujet très nouveau.  Un beau parcours professionnel, au cours duquel vous étiez déjà sensibilisé depuis longtemps aux méthodes de développement du bien-être…  M.V. : En rentrant des Émirats déjà, je me suis dit que mes parents ne m’avaient pas appelé Martial par hasard… Je me sentais parfois un peu stressé, alors je me suis tourné d’abord vers les arts martiaux : le Kung Fu, puis le Tai Chi et enfin le Qi Gong. J’ai commencé à passer des diplômes. C’était déjà très important d’être à l’écoute de ce qui se passait en moi, d’arriver à gérer un stress ponctuel. Je me suis ensuite formé à la naturopathie-hygiène de vie, et en 2010 j’ai opté pour « l’entraînement du mental à la pleine conscience » (voir encadré). À l’époque, Danone développait des programmes « Bien-être et efficacité au travail ». Grâce à l’ouverture de la DRH, j’ai pu animer des séances de Qi Gong et de pratique de la « Pleine conscience », tout en menant mes missions d’audit. Beaucoup de monde participait, des assistantes aux DG.  De là a germé l’idée de me consacrer à plein temps à cette activité en quittant Danone pour monter ma société. En tant que DAI, j’avais une bonne notion de la gestion des risques, mais j’ai quand même pris un coach pour dépasser mes craintes (baisse de rémunération, perte de sécurité, de standing social…). Et à 39 ans, je me suis lancé, avec tout de même un contrat d’un an négocié avec Danone pour deux jours d’interventions par mois.  Comment définiriez-vous les « Soft skills » ?  M.V. : C’est un anglicisme de plus, mais qui a une vraie signification. Il pourrait y avoir beaucoup d’autres définitions en français, que ce soit des « outils et formations de développement personnel », des « outils de connaissance de soi », des « outils de développement de ressources internes »... Mais il s’agit surtout de retrouver notre humanité dans le monde de l’entreprise d’aujourd’hui. Et on peut le faire, dans toutes les activités d’une organisation, y compris dans les moments difficiles, grâce à des méthodes éprouvées par la science.  Ces « Soft skills » prennent de plus en plus d’importance aujourd’hui ? À quoi est due cette prise de conscience selon vous ?  M.V. : On ne peut plus se comporter comme avant. Il y a une obligation absolue de mettre en place une vraie relation dans l’entreprise. Sans relation, il n’y a pas de métier possible. Il y a plusieurs causes à cette prise de conscience. La réalité digitale a complexifié le travail et ajouté du stress. La généralisation des emails, dans les années 2000 à 2005, les Smartphones en 2008, ont créé la nécessité de se reconnecter aux gens concrètement, de lutter contre l’absence de communication et de présence. Il y a eu également l’arrivée de la « génération Y », qui a clairement envie de relations, de s’amuser, d’apprendre et de découvrir. Pas question pour elle de supporter un mauvais climat de travail. Ce qui a entraîné la transformation des RH en talent management. Une vision qui révolutionne notre manière d’interagir, de communiquer et nous conduit à retrouver en nous des ressources internes, à nous remettre en question.  Aujourd’hui, une entreprise qui ne se révolutionne pas risque réellement de disparaître.  Quels sont les conseils que vous pourriez donner à des auditeurs et contrôleurs internes pour développer leurs « soft skills » ?  M.V. : Je leur dirais trois choses : communication, empathie, intelligence émotionnelle.  La communication, c’est l’écoute de l’autre. En face de quelqu’un qui parle, il faut apprendre à se taire. À écouter ce qu’il a à dire avant de vouloir le convaincre. Sinon, l‘autre ensuite ne vous écoutera pas. On peut s’y entraîner, en commençant par écouter ce qui se passe dans notre corps et en développant ainsi des schémas neuronaux différents.  L’empathie, c’est une capacité qui se travaille : cela nous permet de percevoir les émotions vécues par l’autre. Pour certains, c’est naturel, d’autres ne perçoivent rien. Mais on peut s’entraîner à développer son empathie. Quant à l’intelligence émotionnelle, ont peut la développer grâce à un entraînement à la « pleine conscience », afin de ressentir dans son corps sa capacité à gérer ses émotions et à comprendre et réguler celles de l’autre et de l’équipe.  En tant qu’auditeurs ou contrôleurs internes, on est habitués à se poser de nombreuses questions. Et même si nos métiers sont tournés vers la performance, ce n’est pas plus difficile pour un auditeur de développer ses « soft skills ». Il faut juste être prêt à faire quelques efforts et utiliser les outils essentiels à la conduite du changement.  Martial Vidaud Expert en entraînement mental de pleine conscience [box type="info" align="" class="" width=""]La pleine conscience en entreprise « Il s’agit d’un entraînement du mental à la pleine présence (ou conscience), basé sur les neurosciences. C’est une pratique quotidienne d’au mois 10 minutes par jour de focalisation (sensations corporelles, respiration, activités mentales, distractions, pensées…). La pleine conscience ouvre une nouvelle voie : l’efficacité et la sérénité au travail. Elle conduit à de nouvelles méthodes de travail pour l’entreprise performante et innovante. La pratique de la Pleine conscience en entreprise permet de travailler sur : • La capacité de focalisation et de concentration • La créativité et l’innovation • L’efficacité opérationnelle au quotidien • La capacité d’écoute et de présence • La sérénité et la connaissance de soi • La réduction du stress et des risques de burn-out » Martial Vidaud intervient régulièrement en tant que conférencier dans le cadre de séminaires annuels de grandes entreprises, comme Danone, Axa ou L’Oréal.[/box] [box type="shadow" align="" class="" width=""]Pour aller plus loin : www.potentialproject.com - martial.vidaud@potentialproject.com[/box]