13 février 2016

pictogramme temps Lecture 3 mn

Les auditeurs internes peuvent ils être innovants ?

J’entends souvent dire que les auditeurs internes ne font pas beaucoup preuve d’innovation dans la façon dont ils conduisent  leurs travaux.  S’il est vrai que les principales étapes d’une mission d’audit ont peu évolué depuis « l’invention » de la profession, je suis convaincu que de très nombreux départements d’audit interne gagnerait en notoriété, efficacité, efficience et crédibilité dans leur entreprise s’ils faisaient davantage preuve d’un « esprit innovant », tel que détaillé ci-dessous. En premier lieu, il me semble fondamental que les auditeurs internes aient davantage recours aux technologies dans l’exercice de leur métier. Cette utilisation de la technologie peut s’effectuer à plusieurs niveaux :
  • dans les outils utilisés pour partager les informations de la mission avec les audités. De très nombreuses plateformes de gestion de projet en ligne permettent ainsi de disposer en point unique d’accès aux informations clés de la mission (calendrier, présentations PPT, messages échangés, documents d’audit…). On citera par exemple les outils de ZOHO et de ASANA qui permettent même de conduire des audits 100% en ligne,
  • dans la collecte des informations (ex : études réalisées avec des outils comme surveymonkey),
  • dans les supports utilisés pour communiquer les résultats finaux de leur mission (mini site web, PREZI, EMAZE, PPT « sous stéroides[1]»…) et plus généralement dans les outils de marketing et de communication utilisés par le département d’audit interne pour promouvoir son activité,
  • dans l’analyse des données (on parle souvent d’IDEA et d’ACL mais il existe également de nombreux « add-in » Excel permettant de faire du « data crunching[2]»),
  • dans les outils de contrôle interne mis à la disposition des audités (ex : moteur de recherche des règles de contrôle interne de l’organisation[3])…
En second lieu, les auditeurs internes peuvent être innovant au regard des thèmes qu’ils auditent : plutôt que de s’intéresser aux notes de frais (je sais c’est une caricature), il conviendrait sans doute de se pencher davantage sur des thèmes malheureusement encore trop rarement couverts : audit des processus décisionnels (voir notre article sur ce sujet), audit sur la gouvernance des données (et leur utilisation), audit sur la culture de l’organisation en matière de contrôle, audit de management… En troisième lieu, je suis convaincu que les auditeurs internes peuvent faire preuve d’innovation au regard des techniques qu’ils utilisent pour aider leurs clients à résoudre leurs problèmes : organisation de « jeux », recours aux techniques issues du monde  de l’analyse décisionnelle (voir notre article sur ce sujet)…Autant « d’outils » qui renforcent la crédibilité du département d’audit interne en tant « qu’apporteur de solutions » (par rapport à une approche centrée sur la vérification). Le principal obstacle à la mise en œuvre de ces innovations réside comme toujours dans la gestion du changement. Lorsque j’évoque ces possibilités, la première remarque que j’entends est très souvent : « nous avons toujours procédé comme cela et nous n’avons pas de temps à consacrer à ces sujets ». Si je suis bien conscient que cette première réaction est inhérente à la nature humaine, j’ai quand même un peu plus de difficultés à l’accepter venant d’individus (les auditeurs internes) qui passent la majorité de leur temps à demander à leurs clients de changer dans une logique d’amélioration continue... Manageons par l’exemple : prenons des risques et soyons innovants !   [1] Voir par exemples les modèles disponibles à : http://market.envato.com/ [2] Voir notamment la « fraud toolbox » à : http://fraudtoolbox.com/ [3] Voir la « suite » élaborée par l’auteur de cet article dans le cadre de la publication de son premier ouvrage : http://crdl1979.wix.com/rctoolbox