03 avril 2018
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Ce que la finalisation de Bâle 3 change pour les banques en matière de risque de crédit...et pour les auditeurs
La mesure du risque de crédit, entre approche standard et modèle interne
Le monde bancaire attendait avec une certaine inquiétude la dernière réunion du Comité de Bâle, en décembre 2017, portant sur la finalisation des accords dits de Bâle III. Sans grande surprise, ce qui était pressenti par les banques a été acté par l’instance bâloise. Les principales décisions prises révisent significativement les méthodes de mesure des risques de crédit dans le cadre du ratio de solvabilité. Pour mémoire, les établissements bancaires sont tenus de disposer d’un minimum de fonds propres pour couvrir les pertes inattendues concernant les prêts accordés à leur clientèle. Cette exigence est calculée à partir des encours de crédit et des engagements hors-bilan comptabilisés auxquels sont appliqués des taux de pondération.
Jusqu’ici, les banques ont le choix entre deux méthodes pour pondérer leurs expositions, la première reposant sur des critères standards, la seconde sur des modèles internes. Autrement dit, la mesure des risques de crédit est possible soit à partir de grilles de calcul applicables dans les mêmes conditions pour toute organisation bancaire, soit sur base de critères individualisés dont la détermination est réalisée…par la banque elle-même. Ce dernier point est à l’origine de nombreuses discussions – et de désaccords ! – entre les Etats-Unis et l’Europe. Le Comité de Bâle a tranché en décembre dernier.
La révision de la mesure du risque de crédit
Les accords finalisés de Bâle III prévoit, selon un calendrier prévisionnel débutant à compter de 2022 pour se terminer en 2027, les changements suivants :
- suppression de la possibilité laissée aux banques de calculer les risques de crédits pondérés concernant leur clientèle entreprise et bancaire à partir de modèles internes avancés (méthode IRBA). A terme, seules la méthode standard et l’IRB-Fondation seront acceptées. Par contre, concernant les risques de crédit inhérents aux actions en portefeuille, les modèles internes ne seront plus autorisés pour déterminer les exigences de fonds propres ;
- ajustement de la méthode standard afin que les taux employés pour pondérer les encours de crédit soient plus représentatifs des facteurs de risque. Ainsi, concernant les crédits hypothécaires, la Loan To Value (LTV) sera prise en considération pour le calcul des exigences de fonds propres. En outre, les paramètres classiques que sont la probabilité de défaut (PD), la perte attendue (LGD), l’encours exposé (EAD), seront revus pour tenir compte d’un « input floor », à savoir qu’ils ne pourront pas être en-deçà d’un plancher fixé réglementairement ;
- mise en place d’un « output floor » correspondant à un niveau minimal de fonds propres exigibles au titre du risque de crédit global applicables à tous les établissements bancaires, y compris ceux employant des modèles internes. Le seuil est fixé à 72,5% des actifs pondérés totaux calculés selon la méthode standard. La prise en compte de cet « output floor » à partir de 2022 sera progressive jusque 2027.